XVI La Maison-Dieu

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A première vue, l'image représente une tour frappée par la foudre. Dans le Tarot de Charles VI, on ne voit pas de personnages ; dans le Minchiate, on voit deux personnages (Adam et Eve ?) en train de s'enfuir par la porte existant au rez-de-chaussée. Le Tarot de Marseille supprime l'ouverture inférieure et précipite les deux personnages la tête la première. Les occultistes des siècles suivants conserveront ce modèle, même si Wirth, par exemple, rétablit la porte du bas. D'autre part, le feu du ciel reste comme suspendu dans l'air sous forme de boules rondes. Ce détail est d'autant plus remarquable que, dans la carte du Soleil, les larmes de feu tombent vers le bas, alors que dans celle de La Lune, elles paraîtront monter de la terre vers le ciel.

On interprète généralement cette lame comme la punition infligée aux orgueilleux, et il est vrai que l'on trouve parfois comme symbole de l'orgueil l'image d'un homme précipité en avant du haut d'une tour : une des idées contenues dans le mythe de Babel. Allant dans la même direction, avec plus de précision, on peut verser au dossier l'image d'un des quadrilobes de la cathédrale d'Amiens représentant la chute des idoles ; une allusion à l'histoire de la Fuite en Égypte. La Légende dorée ne donne malheureusement que peu de détails, mais il parait que, lorsque l'Enfant Jésus, la Vierge et Joseph pénétraient dans des villes Miennes, au cours de ce voyage, les temples abritant des idoles s'écroulaient.

On observe au passage que dans le mythe da la tour de Babel, la punition du ciel frappe deux fautes distinctes et complémentaires. Dieu punit les hommes pour avoir voulu s'élever jusqu'au ciel (orgueil) mais aussi pour avoir voulu « se faire un nom » (suprême orgueil). L'idole manifeste cela dans la mesure où il s'agit moins de l'adoration d'une figure que de l'adoration d'une fausse divinité d'une tricherie sur un nom, d'une confusion au niveau du langage qui devient incompréhensible.

D'autre part, si l'on poursuit dans la voie suggérée par Babel, on trouve dans La Maison-Dieu, cette même référence au langage. D'une certaine manière, on assiste ici à la chute de la parole.

Il est intéressant de signaler l'interprétation toute différente de Court de Gébelin, qui y voit une leçon contre l'avarice. Il se réfère à l'histoire de Rhampsinit, un prince égyptien dont parle Hérodote, qui avait entreposé ses trésors dans une grande tour de pierre. Mais cette histoire de voleurs n'a pas été souvent reprise. On en retrouve cependant un écho dans le Tarot d'Etteilla, qui intitule cette carte Prison et Misère. Le Tarot espagnol, revient au thème de la destruction du Temple sans bien préciser s'il s'agit de la chute d'idoles ou de divinités dignes de foi.

Il n'en reste pas moins que cette lame est une des seules à présenter un élément d'architecture à la fois tour et porte défense et ouverture. La présence ou l'absence d'orifices sur tel ou tel dessin change évidemment la signification de la lame qui retient ou livre son secret.

  • Interprétation de Pitois
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Source : Les Tarots, Brian Innes
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Posté le 28/03/2024 22:44:59