L'iconographie proposée par les différents jeux offre des variations analogues à celle de L'Etoile. Nous les retrouverons également avec Le Soleil. Allégorie du Tarot des Visconti ; représentation figurée par des astronomes dans le Tarot de Charles VI ; mutation dans le Tarot de Marseille, avec la présence de deux chiens, de deux tours et d'une écrevisse.

En ce qui concerne l'image de Diane figurant sur le Tarot des Visconti, notons qu'elle tient le croissant de lune de la main droite, alors que l'étoile de la lame XVII était tenue dans la main gauche et que dans la figure suivante de la lame XIX, le soleil sera tenu des deux mains... Observation difficile à interpréter, mais qui n'est certainement pas due au hasard. Autre élément d'interrogation, la cordelette blanche tenue par la main gauche, qui semble bouger comme un serpent alors que la tenue du vêtement ne manifeste la présence d'aucun vent. Encore une petite énigme posée par une corde dans le Tarot !

En ce qui concerne le Tarot de Marseille, on observe d'abord que la « lune » elle-même est le plus souvent représentée de profil, dans son premier quartier. Comme pour L'Etoile avec le Verseau, comme pour Le Soleil avec les Gémeaux, l'influence de l'astrologie est ici évidente. Pour Court de Gébelin, les deux tours désignent les colonnes d'Hercule : « Entre les deux colonnes sont deux chiens qui semblent aboyer contre la lune et la garder ; idées parfaitement égyptiennes. Ce peuple, unique pour les allégories, comparait les tropiques à deux palais gardés chacun par un chien qui, semblables à des portiers fidèles, retenaient ces astres dans le milieu des cieux sans permettre qu'ils se glissassent vers l'un ou l'autre pôle... »

Van Rijnberk nous dit que l'expression « chiens hurlant à la lune » semble récente ; il faut toutefois rappeler qu'en Égypte, comme en Grèce, le chien ou les loups se rapportent souvent à la lune. Diane chasseresse est toujours entourée de chiens.

Oswald Wirth pousse la comparaison astrologique jusqu'à sa limite extrême non seulement en faisant de cette figure l'image du Cancer mais en faisant des chiens des réalités astrales : « Près du marais où règne le Cancer, deux chiens gardent la route qui est astronomiquement celle du Soleil. Ce sont les aboyeurs de la Canicule, le Grand et le Petit Chien de la sphère céleste. Ils aboient à la lune pour l'empêcher de franchir la limite des tropiques... » On observe ici combien les commentaires initiaux de Court de Gébelin conservent un grand pouvoir.

Paul Marteau, pour sa part, transposera beaucoup le symbolisme des chiens en écrivant : « Les chiens, de couleur chair, symbolisent les instincts primitifs, origine des tourments animiques qui assiègent l'homme et qui entrent en lutte les uns contre les autres. Ils aboient vers le Haut pour réaliser ses chimères. Ils ouvrent la gueule pour se nourrir de fluides, mais cette nourriture ne fait qu'accentuer l'erreur. Les chiens, comme instruments du subconscient, indiquent encore le sentiment intuitif des erreurs de la conscience. »

Même si l'on adhère peu à ce type d'interprétation, il faut se souvenir que l'on se trouve ici à un niveau où La Lune est reine d'un domaine intermédiaire où règnent l'imagination et les chimères ; le domaine des rêves et même, comme le dit Plutarque, « le séjour des hommes bons après leur mort », un lieu de séjour pour l'âme, où l'esprit n'a pas encore triomphé. Une sorte de Purgatoire. Un lieu de mutation manifestant l'incertain et la poursuite d'un idéal impossible à atteindre.