Boehme, Jacob (1564 - 1624)

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Jacob Boehme est, sans aucun doute, l'un des plus grands Gnostiques Chrétiens. Ce terme lui est appliqué non pas dans le sens des soi-disant hérétiques tels qui existèrent aux premiers siècles de l'ère chrétienne, mais pour décrire une sagesse basée sur une révélation directed et exprimée par des mythes et symboles plutôt que par des concepts - une telle sagesse est plutôt de type contemplatif que discursif, elle est une philosophie religieuse ou une théosophie.

Les deux caracteristiques de Boehme sont la grande simplicité du coeur et la pureté enfantine de l'âme. Il n'était ni un savant, ni un lettré, ni un enseignant. Il appartient à cette classe d'hommes sages et de bon sens qui viennent du peuple. Comme enfant, il avait une faible constitution, aussi fût-il placé comme apprenti cordonnier et suivit l'école primaire du village d'Alt Seidenberg. A l'âge de 24 ans, il devient citoyen de la ville de Görlitz et ouvre une échoppe de cordonnier. En mai de cette année-là, il épouse la fille du boucher local, Catharina Kuntzchmann, et peu de temps après, il achète une maison.

Entre 1600 et 1611, le couple eut quatre fils. Tout au long de sa vie, il fut un commerçant actif, un bon père de famille, un conseiller en transactions financières, transport de marchandises, un agent immobilier et un négociateur lors de disputes de guildes ainsi que dans des affaires civiles et privées. Comme tous les citoyens de Görlitz, Boehme dût faire face aux difficultés financières découlant de la Guerre de Trente Ans.

Pour un homme comme Boehme, ayant un grand intérêt pour la religion, la ville de Görlitz était un endroit excitant. Il y avait dans cette ville des émules du spiritualiste Caspar Schwenckfeld von Ossig (1489-1551) ainsi que d'autres groupes étudiant les oeuvres de l'alchimiste Théophraste Bombast von Hohenheim (appelé aussi Paracelse) (1493-1541), et du mystique Valentin Weigel (1533-1588). Bien que Boehme ait étudié les divers enseignements de sa ville, ou même s'il n'en avait été que simplement averti, sa doctrine ne peut pas être expliquée par leur influence et Boehme n'y a fait aucun emprumpt. L'explication des sources de sa sagesse est un problème très complexe car elle implique la possibilité d'une révélation personnelle, d'une illumination, ou d'un don carismatique.

L'éteincelle qui enflamma l'environnement de Boehme fut produite par l'arrivée de Martin Moller, nommé pasteur luthérien de la cité en 1600. Il y organisa immédiatement un "Conventicule des Vrais Serviteurs de Dieu" pour tenter de réintroduire une présentation assez rébarbative du letérianisme de l'époque : renouvellement personnel, croissance spirituelle individuelle, expérience religieuse. Boehme, intéressé par la nouveauté, rejoignit ce mouvement. C'est peu de temps après, à la fin de l'année 1600, que Boehme eût sa première grande vision. Il se mit à écrire et finit son Aurora en 1612. Un de ses amis fit faire des copies de ce livre et les fit circuler. C'est en 1613 que l'une de ces copies tomba entre les mains du successeur de Martin Moller : le Pasteur principal Gregory Richter qui, en plus d'être concerné par la défense de l'orthodoxie Luthérienne, avait de raisons personnelles pour attaquer Boehme. Il fit confisquer les oeuvres de Boehme le 30 juillet 1613, et il lui interdit de publier de nouveaux écrits.

Boehme cessa donc d'écrire pour un "sabbat d'années" comme il le décrivit. Il fut l'objet d'une nouvelle illumination en janvier 1619, qui défia de nouveau son esprit prophétique. Il rompit alors son silence et écrivit pratiquement sans interruption de 1619 à 1623. L'enthousiasme de ses disciples eut pour effet d'en répandre la rumeur dans un cercle assez large. Richter reprit sa furie car les autorités n'avaient pas été mises au courrant des travaux de Boehme depuis 1619 et croyaient qu'il était resté silencieux.

La publication du Chemin vers le Christ le jour du Nouvel An de 1624 provoqua immédiatement une série de sermons enragés de Richter. Le conseil municipal annonça à Boehme, au mois de mars de la même année, qu'il devait chercher fortune ailleurs et celui-ci alla s'installer à Dresden pour quelques temps. Vers la fin de 1624, malade mais travaillant à son dernier livre, Boehme rentra dans sa maison de Görlitz. Richter était mort et ce fut son remplaçant qui vint administrer le prophète mourant. Selon lui, Boehme mourut en bon Luthérien orthodoxe le 17 novembre.

Des recherces récentes ont découvert que Boehme était bien plus qu'un simple cordonnier. Il semblerait avoir organisé le commerce du cuir dans toute la région. Ses pratiques commerciales étaient proches de ce que l'on appelle le "dumping" de nos jours. Le Pasteur Richter, dont des membres avaient perdu des sommes considérables à cause de la concurrence de Boehme, avait en effet des raisons puissantes pour obtenir son bannissement de Görlitz.

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Posté le 26/04/2024 12:13:03